Une personne vous a-t-elle déjà blessé -volontairement ou non- en brandissant la phrase suivante: « Ce que tu ressens, c’est TA responsabilité, pas la mienne » ?
Si c’est le cas, cet article est fait pour vous ! 🙂
Toute personne entreprenant un cheminement personnel a déjà conscience de cette vérité implacable:
Nous sommes les seuls responsables de nos émotions.
C’est effectivement le cas, bien que ces émotions puissent être initialement générées ou provoquées par des éléments extérieurs.
Après tout :
La sensation d’être heureux ou malheureux dépend rarement de notre état dans l’absolu, mais de notre perception de la situation
Dalaï Lama
Cette phrase emplie de sagesse rappelle l‘importance d’une gestion responsable de nos propres émotions.
Toutefois, ce concept peut malheureusement se retrouver utilisé à tord et à travers, notamment dans le milieu du New-Age et du développement personnel.
Avez-vous déjà cette été témoin d’une telle situation? L’avez-vous vous-même vécu ?
« Ce que tu ressens, c’est ta responsabilité, pas la mienne »
Cette déclaration, en apparence anodine, peut résonner comme une bombe émotionnelle pour ceux qui la reçoivent.
Bien qu’il soit évident que nous sommes les seuls maîtres de nos émotions, il est essentiel de rappeler pourquoi -et comment- cette phrase se retrouve souvent utilisée à mauvais escient.
Il se peut que certaines personnes la brandissent pour nous culpabiliser (consciemment ou non). Par ce biais, elles évitent aussi de reconnaître leurs propres erreurs ou leur manque d’empathie dans la situation.
Préférant se faire passer pour des « maîtres zen » du détachement émotionnel, elles se positionnent aussitôt en supériorité, balayant alors d’un revers de main les émotions de la personne qui leur fait fasse.
Alors…Responsabilité émotionnelle OU culpabilisation abusive ?
La responsabilité émotionnelle ne justifie pas la culpabilisation abusive
La responsabilité émotionnelle est un principe fondamental selon lequel nous sommes les seuls à contrôler nos émotions. Chacun est responsable de ses propres réactions émotionnelles face aux événements de la vie.
Cependant, cette vérité ne doit pas être utilisée pour excuser les comportements blessants et insensibles d’autrui. Lorsque quelqu’un nous blesse intentionnellement et se décharge de toute responsabilité en invoquant cette phrase; il s’agit clairement d’une forme de culpabilisation abusive.
🌝 Exemple : Imaginez que vous exprimiez à un proche votre tristesse suite à une remarque blessante qu’il vous a faite. Au lieu de s’excuser, il vous répond avec froideur : « Ce que tu ressens, c’est ta responsabilité, pas la mienne. ». Cette réponse vous laisse non seulement avec votre peine, mais vous fait également ressentir de la culpabilité pour avoir réagi émotionnellement de cette manière. Comme si cela n’était pas légitime.
Pour finir, il ne compatit aucunement à votre tristesse, comme si cela ne le touchait pas le moins du monde. La compassion est pourtant ce que l’on est en droit d’attendre de la part d’un ami.
De plus et pour enfoncer le clou, cette affirmation laisse penser que notre réaction émotionnelle est un choix délibéré (et masochiste) de notre part pour nous faire souffrir nous-même volontairement.
L’empathie et la prise en compte des émotions sont essentielles
Bien que nous soyons responsables de nos émotions, cela ne signifie pas que les autres peuvent ignorer nos sentiments et agir de manière irrespectueuse envers nous.
L’empathie et la compassion sont des qualités essentielles dans nos interactions humaines. Lorsque nous partageons nos émotions avec quelqu’un, nous espérons qu’il nous écoutera et qu’il tiendra compte de ce que nous ressentons. Même s’il ne peut pas changer la situation. Même s’il est lui-même l’élément déclencheur de ces émotions.
🌝 Exemple : Vous avez vécu une expérience douloureuse et vous décidez d’en parler à un ami proche.
Au lieu de vous offrir une épaule sur laquelle vous reposer, il minimise vos sentiments en vous disant : « Ce que tu ressens, c’est ta responsabilité ». Chose que vous seriez en droit de mal recevoir sur le moment…
Qu’il ne soit pas disponible émotionnellement pour recevoir votre témoignage est une chose. Néanmoins, avoir recours à cette phrase dénote d’un certain manque d’empathie ou d’honnêteté. Cela n’aura pour effet que de créer immédiatement une distance entre vous. Vous vous retrouverez seul avec votre souffrance. De plus, il se peut même que cette réaction fasse ressortir de vieilles blessures de rejet, d’abandon ou d’injustice. Ceci aggraverait d’autant plus votre état de mal-être initial.
Et puis, peut-être aviez-vous seulement besoin d’une écoute bienveillante à ce moment-là ?
« Ce que tu ressens, c’est ta responsabilité, pas la mienne »: Brandir cette phrase entrave la recherche de solutions constructives
En brandissant la phrase « Ce que tu ressens, c’est ta responsabilité, pas la mienne », on bloque souvent toute tentative de recherche de solution constructive. Cela crée une barrière entre les personnes concernées et empêche une communication ouverte et honnête.
🌝 Exemple : Imaginez que vous partagiez à votre compagnon un mal-être que vous ressentez depuis quelques temps dans votre couple, face à votre dynamique relationnelle actuelle. Au lieu d’accueillir vos préoccupations, il vous répond avec désinvolture : « Ce que tu ressens, c’est ta responsabilité, pas la mienne. » Cette réponse coupe court à toute discussion sur la résolution du problème.
Elle empêche d’ouvrir le dialogue et, par conséquent, d’avancer vers une solution mutuellement bénéfique pour le couple.
Conclusion
Nous l’aurons compris, la phrase « Ce que tu ressens, c’est ta responsabilité, pas la mienne » utilisée maladroitement peut être dévastatrice pour ceux qui la reçoivent.
On comprend alors pourquoi dans cette phrase, c’est surtout la deuxième partie (« pas la mienne ») qui donne un tout autre sens à la phrase. Celle-ci passe alors d’un simple rappel bienveillant et constructif à une forme de culpabilisation abusive à cause de ces quelques mots. En particulier lorsqu’elle est utilisée pour éviter de prendre en compte les conséquences de ses actes sur autrui. Ou tout simplement pour éviter de se remettre en question, par pêché d’orgueil, ou par paresse relationnelle.
Bien qu’il soit évident que nous avons la pleine responsabilité de la gestion de nos émotions, il est primordial de cultiver l’empathie, le respect mutuel et l’altruisme dans nos relations.
Se souvenir que chacun est responsable de ses propres émotions ne doit pas servir d’excuse pour négliger celles des autres.
N’hésitez pas à partager vos expériences en commentaires, si vous avez déjà vécu ce genre de situation ! 🙂
Si vous désirez en savoir plus sur d’autres dérives fréquentes dans le domaine du développement personnel, c’est par ici
Je trouve cet article très intéressant.
Quand tu écris, « Lorsque quelqu’un nous blesse… » c’est irrationnel. En réalité, personne ne nous blesse. Quand quelqu’un dit quelque chose et que nous nous sentons blessé, c’est nous qui activons la blessure, et ça reste valable même quand la démarche consistant à nous blesser est intentionnelle. Si donc quelqu’un veut me blesser en prononçant une phrase quelconque, je peux ne pas me sentir blessé. C’est donc, avec un regard rationnel, la preuve que c’est moi qui me suis senti blessé et non la personne qui m’a blessé.
Alors, il est vrai que certaines personnes peuvent chercher à abuser de la responsabilité émotionnelle. Mais la très bonne nouvelle, c’est que, étant donné que je reste responsable de ma propre activation de blessure, ce n’est pas parce que quelqu’un voudra me faire porter quel que chapeau que ce soit que j’aurai à le porter.
Un peu plus bas, tu écris « on bloque souvent toute tentative de recherche de solution constructive ». Là encore, ce phénomène de blocage relève de ma propre responsabilité. Ce n’est pas la personne qui bloque la possible construction. Elle ne peut rien bloquer en moi puisque je suis responsable de mes propres émotions, de ma propre construction intérieure. Certes, elle peut bloquer son propre développement, sa propre évolution, mais pas la relation en soi. Pour créer une relation, il faut être deux. Or, quand une personne « attaque » une autre, elle le fait pour se protéger, propulsée par l’émotion de peur. Si elle ne se sent pas attaquée en retour, son émotion de peur pourra peut-être descendre (ce que l’on appelle une charge émotionnelle) et permettre, alors, de tisser la relation. C’est dans l’écoute et la recherche de compréhension de ce qui a provoqué la volonté d’attaquer qu’il sera possible de participer à la baisse de la charge émotionnelle.
Une fois encore, cette personne est responsable de l’intensité de sa charge émotionnelle. Toutefois, il est possible de participer, comme un accompagnement en bienveillance, à une baisse de celle-ci dans la mesure où le responsable (l’autre) acceptera de l’être.
En effet, comme tu l’écris « Se souvenir que chacun est responsable de ses propres émotions ne doit pas servir d’excuse pour négliger celles des autres. ». J’ajouterais juste que ça ne doit pas nous servir d’excuse pour se sentir blessé, humilié, en colère, et conduit par toute autre émotion, parce que l’autre, notre interlocuteur, aurait prononcé des mots dont le sens et la charge émotionnelle qu’ils véhiculeront (en nous sous notre entière responsabilité) relèvera également de notre propre choix.
Plus on s’installe dans la prise de conscience de sa responsabilité et plus la liberté augmente. De même, plus le bonheur s’amplifie.
Je reste à l’écoute pour échanger sur ces sports et te souhaite un heureux développement de ton blog.
Merci de rappeler que sous prétexte que les émotions ressenties sont subjectives, on ne peut pas tout dire à celui qui souffre. L’empathie c’est d’abord de l’écoute bienveillante. C’est ok de ne pas donner de conseils mais on peut proposer d’être là si besoin de parler et d’être écouté.
Article très intéressant.
Ce n’est pas toujours évident de trouver le juste milieu. Quelque soit sa position par rapport à cette phrase.
J’évite de réagir « à chaud » pour éviter de balancer ça de façon abrupte et tente de prendre du recul quand on me la dit.
Même si souvent c’est loin d’être constructif et plus une fuite sans désir de discussion.
Ça permet de faire du ménage 🙂
Une excellente analyse d’une phrase en apparence anodine, effectivement pertinente MAIS sans la deuxième moitié de la phrase, le fameux « pas à moi » qui change toute l’intention effectivement !
Deux mots qui bottent en touche et écartent avec dédain une mal être réel et qui ne demande pourtant souvent qu’à être entendu pour disparaître…
Merci pour cet article très pertinent !
Intéressant comme article et oui j’ai déjà vécu ce genre de situation dans un cas très difficile, surtout après un deuil de quelqu’un de très proche. Je m’attendais aussi à de la compréhension d’un ami, pourtant ce n’était pas le cas. Au lieu de montrer de la sympathie, il ne parlait que de lui-même et se comportait comme si c’était un fait vite mis sous le tapis.
De fil en aiguille, je me suis tournée vers d’autres personnes plus aimables et accueillantes. J’ai aussi compris par la suite que la charge émotionnelle était trop forte pour cette personne et il ne voulait pas entrer en matière.
J’ai ressenti le rejet, la dévalorisation. Je m’en suis remise car je sais effectuer le travail de fond et en ressortir plus grandie encore et surtout je sais qu’il ne faut JAMAIS se comporter de la même manière. Merci pour ton article. Tania
“Se souvenir que chacun est responsable de ses propres émotions ne doit pas servir d’excuse pour négliger celles des autres”. Merci pour ce message. Un regard sensible et nuancé sur une dérive trop peu souvent reconnue. Bravo pour cette volonté d’aller plus loin, elle donne envie de vous lire.
Merci pour votre commentaire qui me touche beaucoup! 🙏
Merci pour cet article. J’ai justement eu une discussion avec mes enfants il y a peu à ce propos. Ils savent que nos émotions sont liées à nos valeurs et nos besoins et qu’il est important d’essayer de respecter les besoins et les valeurs des gens que nous aimons pour arriver à vivre de manière harmonieuse. Ce n’est pas simple à appliquer au quotidien mais je me dis qu’en commençant tôt, ils ont plus de chance d’intégrer ces habitudes que moi et mon conjoint qui commençons seulement à travailler notre relation dans ce sens…
Très bon article !!
J’ai souvent entendu dire c’est un ressenti , il faut l’objectiver et voir si il y a vraiment un problème. La souffrance ressentie par un groupe social doit pour certain être passé au filtre du cartésianisme pour pouvoir se dégager de l’émotion.
Ton ressenti ou ta responsabilité qui n’est pas entendue et ne concerne que toi te plonge forcément dans une profonde solitude et entre les lignes ces personnes te claquent la porte au nez et te disent c’est ta faute si tu n’est pas capable de t’auto gérer et te disent ta faiblesse supposée. Cela en dit long sur leur propre solitude…
Tout à fait… 😕 Merci pour ton commentaire !
Il n’est pas toujours évident de trouver un juste milieu dans un dialogue à 2… surtout quand un des 2 ne veut pas entendre ni écouter… l’empathie, c’est bien, le partage, c’est mieux.
Votre article était très intéressant…d’autant plus que j’ai pris cette remarque de front très récemment, remarque qui m’a bien évidemment culpabilisée. La lecture de cet article m’a permis de prendre du recul par rapport à cette remarque et à m’enlever ma culpabilité. Merci.
Merci pour votre commentaire. Ravie que cet article vous ait permis de vous libérer de votre culpabilité 🙂